Avons-nous perdu le sens de ce que nous mangeons ?

« Que ton alimentation soit ta première médecine »

Cette phrase a été attribuée à Hippocrate, un des pères fondateurs de la médecine moderne, qui a vécu au 5ème siècle av J.-C. Si l’authenticité de ses propos est contredite (voir ce site >), Hippocrate n’en reste pas moins un fervent défenseur de l’importance primordiale de l’alimentation dans la santé humaine, et il est regrettable que l’alimentation soit totalement absente du fameux « serment d’Hippocrate » (que vous pouvez lire ici >) !

Toujours est-il que l’alimentation, dans la plupart des cultures, est au centre du système santé. On le voit par exemple avec l’Ayurveda en Inde, ou avec la diététique du Tao en Chine. Bian Que, un grand maître de la médecine chinoise au 4ème siècle av. J.-C. (même époque qu’Hippocrate !) disait lui aussi :

« Pour être médecin, on doit comprendre l’origine de la maladie clairement. On doit connaître quelle partie du corps a été envahie et la traiter avec les aliments. Si la diététique ne peut pas guérir la maladie, alors il faut prescrire une formule de plantes »

L’alimentation est, en effet, un outil essentiel à la fois pour se régénérer mais aussi pour prévenir les maladies. Autant une alimentation saine et adaptée peut être la garante d’une bonne santé, autant une alimentation déséquilibrée et/ou inappropriée va rapidement induire une dégradation de l’état de santé et être à l’origine de nombreux troubles. L’INSERM (ici >) admet qu’aujourd’hui une mauvaise alimentation est impliquée, pour une plus ou moins grande part, dans un grand nombre de maladies modernes dont : l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, certains cancers, l’ostéoporose, la plupart des maladies chroniques, les allergies, la dépression, les maladies auto-immunes, l’hypercholestérolémie…

Alors qu’attend-t-on pour en faire une priorité ? Il est grand temps de reprendre la main sur ce que nous mangeons !

Et maintenant ?

L’homme moderne est submergé par les publicités pour des produits alimentaires ultra-transformés, par les modes de régimes en tout genre qui se succèdent, par les études scientifiques plus ou moins indépendantes qui affirment une chose et son contraire… A tel point qu’il semble avoir perdu toute notion de ce qu’est une alimentation saine.

Bien sûr, il existe des dizaines de théories et de régimes extraordinaires sur l’alimentation… Certains sont plus ou moins fondés, d’autres ne sont que poudre aux yeux ou vendeurs de rêves. Alors comment choisir ?

La diététique chinoise

En Chine, l’alimentation à toujours été au cœur des préoccupations, et ce depuis plus de 2500 ans ! Les grands empereurs chinois avaient toujours à leur côté des médecins diététiciens qui avaient pour mission de prévenir toute maladie grâce à l’alimentation.

Je pense qu’à ce jour, la diététique chinoise est l’un des moyens les plus à-même de répondre clairement, simplement et naturellement à cette question qui aurait parue incongrue il y a encore à peine un siècle : « Qu’est-ce qu’une alimentation saine ? ».

Il ne s’agit pas là de manger comme un chinois, mais d’appliquer à notre façon de nous nourrir quelques règles qui ont fait leurs preuves depuis plus de 2000 ans et qui sont aujourd’hui encore au cœur de la vie de centaines de millions de chinois. De plus, et c’est là le plus important à mon sens, la diététique chinoise s’inscrit dans un mode de pensée bien plus vaste : le Taoïsme, véritable mouvement philosophique et spirituel ayant une conception globale de l’Homme et de l’Univers.

La diététique du Tao considère que tous les aliments ont des vertus susceptibles d’avoir une action sur le corps, et donc d’agir en cas de maladie. Au fil des siècles, la tradition chinoise s’est enrichie de connaissances sur les propriétés intrinsèques et subtiles des aliments. Ces propriétés vont bien au-delà des vitamines, minéraux et protéines actuelles. Elles découlent de l’observation et des principes du Tao que sont le Yin et le Yang, les cinq mouvements (Bois, Feu, Terre, Métal, Eau) et l’Énergie (le Qi). Vous pouvez relire à ce sujet cet article de 2021 dans lequel je présentais brièvement ces principes.

La diététique chinoise a donc attribué à chaque aliment des propriétés telles que sa nature (froide ou chaude), sa saveur (acide, amère, douce, piquante ou salée), son degré d’hydratation, sa faculté à régénérer tel ou tel organe (Foie, Cœur, Rate, Poumon, Rein). A ces propriétés s’ajoutent les facteurs influant sur sa vitalité (mode de production, fraîcheur, saison, conservation…), sa couleur, sa consistance, les modes cuissons et de préparation

Aucun de ces paramètres n’est laissé au hasard, tout a un sens. Et selon l’état physique, psychique et énergétique de chacun, nous sommes invités à consommer plutôt tel ou tel légume, telle ou telle céréale, cuit et préparé de telle ou telle manière.

Cela peut paraître complexe au début, mais avec un peu d’efforts, il est facile de changer certaines habitudes. Redevenir acteur de notre santé ne peut se faire sans un minimum d’implication !

Et concrètement ?

Je vous propose de vous présenter ici quelques principes et règles de base issus de la diététique chinoise et applicables à chacun de nous. Certains découlent du bon sens, mais il n’est sûrement pas superflu de les rappeler ! Ils sont tirés de l’ouvrage de Philippe Sionneau « La diététique du Tao » que je vous invite à lire si vous souhaitez aller plus loin dans ce domaine.

Les règles du « savoir manger » :

  1. Manger modérément et ne pas dépasser 75 % de satiété.
  2. Bien mastiquer car la mastication est une première et très importante étape de la digestion.
  3. Manger en ayant réellement faim, c’est à dire en ayant terminé de digérer le repas précédent.
  4. Manger à heures régulières car l’habitude facilite la digestion.
  5. Manger en conscience, porter une attention particulière à ce que l’on mange.
  6. Manger dans une bonne ambiance, dans le calme et la bonne humeur !
  7. Se masser l’abdomen après les repas, de manière douce et circulaire.
  8. Marcher un peu après chaque repas pour mobiliser l’énergie digestive.
  9. Prendre plaisir à manger ! Jouer sur les couleurs, les saveurs, la présentation… pour le plaisir des yeux et des papilles favorisera l’appétit et la digestion.

Les 10 règles de la diététique chinoise :

  1. Pas de grignotage entre les repas.
  2. Consommer plus de légumes cuits et variés.
  3. Consommer plus de céréales et légumineuses.
  4. Modérer sa consommation de viandes, poissons et œufs et supprimer celle de charcuteries.
  5. Éviter le plus possible les « sucres rapides ».
  6. Diminuer très fortement les boissons sucrées, acides, alcoolisées ainsi que les aliments très acides.
  7. Réduire les aliments crus ou froids.
  8. Éviter l’excès de friture, de graisses animales et d’huiles végétale raffinée.
  9. Réduire le plus possible les produits laitiers.
  10. Boire chaud en fin de repas, sans excès.

Je reviendrai prochainement sur ce thème de l’alimentation, qui me semble primordial, en développant certains aspects de la diététique chinoise.

D’ici là, portez-vous bien et… bon appétit !

Fred

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