Offrir notre compassion à celui qui nous fait du mal peut paraitre, à première vue, complètement insensé ou tout simplement masochiste ! En effet, pourquoi le faire alors que l’autre nous traite de manière si cruelle ?
Pourtant, si l’on y réfléchit un peu avec l’aide de nos amis bouddhistes, cela peut nous apparaitre finalement comme une évidence et la meilleure attitude à adopter. De plus, cette attitude pourra beaucoup nous aider, et également aider l’autre.
Que se passe-t-il pour une personne qui cause du tort à autrui ?
Voyons un peu la vision bouddhique qui va éclairer mes propos.
Imaginons une personne qui me fait délibérément souffrir. Son intention est de me faire du tort et elle ne s’en cache pas. Que se passe-t-il pour cette personne ? Selon la vision bouddhique, elle se prépare à souffrir !
En effet, la loi du karma est infaillible ! Si je sème des tomates, je récolterai des tomates. De même, si je sème de la malveillance, je récupèrerai tôt ou tard de la malveillance. Ainsi donc, toute action qui vise à faire souffrir un autre m’amènera à endurer des souffrances. Cela ne sera pas pour me punir, mais pour me permettre de comprendre, par l’expérience, que mon attitude est contraire à l’unité et à l’amour. La solution pour que je le réalise sera que je sois à mon tour victime d’actes malveillants pour réaliser à quel point cela me fait souffrir. Un jour ainsi, je pourrai choisir une voie plus juste.
Celui qui me nuit est donc, en réalité, bien à plaindre.
Quelle attitude avoir face à une personne malveillante ?
Si je réagis de façon juste face à des actes de malveillance, alors je suis en train de solder du karma passé et de me générer ainsi un futur positif et heureux.
Tout d’abord, que signifie réagir de façon juste ?
Cela signifierait ne pas chercher à me venger ni être dans la haine face à cette personne. Cela signifierait vivre cette expérience douloureuse en cherchant à rester moi-même dans la bienveillance. Peut-être que je me protégerais de cette personne, peut-être que je ne la verrais plus, peut-être que je me positionnerais pour empêcher ces actes de se reproduire… Mais je n’entrerais pas dans le jeu de l’autre et ne répondrais pas à sa méchanceté par la méchanceté.
Par ailleurs, pourquoi serai-je en train de solder du karma négatif ?
Selon la vision bouddhique, si je vis cette malveillance de la part de quelqu’un, c’est que cela me revient d’une manière ou d’une autre et que je l’ai attiré par mes actes passés (dans cette vie ou dans une autre), par mes fausses croyances … Si je crois par exemple que les femmes doivent se soumettre aux hommes et qu’il est normal que l’homme maltraite sa femme, alors j’attirerai vraisemblablement une situation où mon chéri me fera du mal. Cela aura pour but de m’aider à réaliser que mon attitude de soumission n’est pas juste et à réévaluer mes croyances.
Ainsi, solder du karma négatif signifie me libérer de fausses croyances et/ou d’actes négatifs que j’ai créés par le passé.
Accepter donc que ces actes malveillants me reviennent pour m’aider à évoluer peut beaucoup m’aider à donner du sens à cette souffrance et à ne pas tomber moi-même dans la haine ou toute autre émotion négative face à l’autre.
En quoi la personne qui me cause du tort est-elle donc digne de compassion ? Et en quoi m’exercer à la compassion face à elle m’aidera ?
Tout naturellement donc, celui qui me nuit peut devenir pour moi un objet de compassion :
- D’une part, je sais qu’il se prépare à souffrir et je sais que la souffrance est terrible
- D’autre part, « grâce à lui », j’ai l’opportunité de « solder du karma » et de grandir en amour et en sagesse.
Lui envoyer de la compassion m’aidera en plus à ne pas basculer dans la haine ou dans l’idée de vengeance.
Réfléchir de cette manière à chaque fois que l’on est face à la méchanceté d’un proche (famille, collègue, voisin …) peut beaucoup nous aider et donner un sens spirituel à cette douloureuse expérience.
On peut s’exercer également à élargir cela à ceux qui nous gouvernent de façon malveillante et qui attisent les haines entre les peuples, oppriment les plus faibles ou choisissent sciemment de faire du mal à leurs populations. Ils se préparent à endurer de grandes souffrances (à la hauteur de toutes les personnes qu’ils auront fait souffrir …). Le plus grand pouvoir que l’on ait est certainement, au-delà des actions politiques ou autres pour essayer de les arrêter, de leur offrir notre compassion !
Bon cheminement !
Sabine
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